A travers la Russie avec Kim Jong-Il (3)

Où est né le leader de la Corée du Nord ?

J’ai entendu diverses versions sur les lieux de naissance du fondateur de la Corée du Nord, Kim Il-sung et de son fils Kim Jong-Il.

Andreï Lankov dans son livre « La Corée du Nord hier et aujourd’hui », édité à Moscou en 1995, présente la vie de Kim Il-sung de la manière suivante.

A la fin des années 20 du XXe siècle les parents de Kim Il-sung sont arrivés en Mandchourie. Kim Il-sung, scolarisé dans une école chinoise, parlait couramment le chinois. Durant ses études supérieures Kim Il-sung a fait partie d’un cercle marxiste et a été emprisonné pour cette raison en 1929 à 17 ans. Libéré au bout de six mois, il a pris le maquis et rejoint un groupe de partisans coréens. C’était alors la voie choisie par de nombreux jeunes coréens qui entendaient lutter pour l’indépendance de leur pays. Selon Andreï Lankov, le véritable nom de Kim Il-sung est Kim Song-ju. Il prend le pseudonyme de Kim Il-sung en 1932 quand il rejoint l’un des nombreux groupes de partisans du parti communiste chinois dont il devient membre. A la fin des années 30 Kim Il-sung rencontre sa future femme, Kim Jong-Suk qui a rejoint les partisans à l’age de 16 ans. A la veille de la 2e guerre mondiale la situation des partisans de Mandchourie s’aggrave. Les forces d’occupation japonaises ont décidé de les éliminer et les partisans subissent de lourdes pertes. Les occupants veulent absolument s’emparer de Kim Il-sung, qui, en 1940 à la tête d’un détachement de 13 partisans franchit le fleuve Amour et se retrouve en Urss. Il suit, jusqu’à 1942, les cours de l’école militaire d’infanterie de Khabarovsk. C’est la première fois depuis 10 ans qu’il se sent enfin en sécurité. En février 1942 Kim Jong-Suk donne naissance à un fils qui reçoit le prénom russe de Iouri. Selon diverses sources, il a vécu en Russie plusieurs années.

A l’été 1942 le commandement soviétique décide de former avec les partisans mandchoues qui se trouvent en Urss, la 88e brigade de tirailleurs où est incorporé le capitaine de l’Armée soviétique Kim Il-sung. Cette brigade était composée de 4 bataillons coréens, deux bataillons chinois et un bataillon mixte. Le célèbre partisan mandchoue Zhou Baozhong est nommé à la tête de la brigade avec le grade de colonel. La brigade ni par son armement ni par sa préparation militaire ne se distinguait en rien des autres unités de l’Armée Soviétique. Dans son livre « La Corée du Nord hier et aujourd’hui », Lankov estime que Zhou, dans d’autres conditions, aurait tout aussi bien pu faire carrière dans l’Armée soviétique.

Pendant la guerre contre les Japonais les soldats soviétiques avec l’aide des combattants coréens, ont libéré Pyongyang, l’une des principales villes de Corée. Kim Il-sung a été désigné pour seconder le commandant de cette ville qui allait devenir la capitale de la Corée du Nord. En décembre 1945 il est devenu président du secrétariat nord-coréen du Parti communiste de Corée et en février il est a été nommé à la tête du comité populaire provisoire de Corée du Nord. Fin 1945, début 1946, Kim Il-sung est devenu le principal dirigeant. Avec sa famille il s’est installé dans le centre de Pyongyang dans un des quelques hôtels particuliers qui auparavant étaient occupés par des officiers supérieurs japonais. On ne peut pas dire que la vie de Kim Il-sung ait été heureuse. En 1949, sa femme, avec laquelle il avait passé les 10 années les plus difficiles de sa vie,  est décédée. Il lui a toujours gardé une grande affection.

Dans le Nord de la Corée sur le mont Paektu il y a une maison où, selon la version officielle, Kim Jong-Il aurait passé son enfance.  Le mont Paektu est sacré pour les Coréens du Nord. Dans les années 30 un camp secret y avait été installé d’où Kim Il-sung dirigeait la lutte anti-japonaise. Ce camp était consacré à la formation militaire, le repos et la récupération des combattants blessés. Actuellement, selon Kim Jong-Il, le camp est conservé tel qu’il était dans les années 30. Lors d’un arrêt, les accompagnateurs de Kim Jong-Il ont acheté des journaux russes. Les journalistes se sont mis à discuter : Kim Jong-Il connaît-il ou non le russe ? Lors de nos rencontres Kim Jong-Il a toujours parlé coréen mais assez souvent il disait en russe certains mots, voire même des phrases entières. Quand je m’adressais à lui, j’avais l’impression qu’il me comprenait. Quand il entendait des chansons russes il les reprenait volontiers. Il avait donné l’ordre d’apprendre le russe dans toutes les écoles militaires coréennes .

Chapitre suivant : Un baril de cornichons en cadeau

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