A travers la Russie avec Kim Jong-Il (6der)

La sécurité

Les personnes dans l’entourage de Kim Jong-Il changeaient assez souvent. Trois ou quatre ministres voyageaient en permanence avec lui et le chef d’État-major de l’armée nord coréenne. Les gardes du corps étaient également toujours la et ils établirent de bons rapport avec les personnels russes de sécurité d’autant qu’ils aimaient beaucoup chanter nos chansons.

Kim Jong-Il se comportait simplement avec eux ce qui n’était pas le cas des fonctionnaires de sa suite. Quand ils entraient chez lui ils s’inclinaient respectueusement jusqu’à ce que le Général leur fasse discrètement signe de se redresser. En sa présence, il  parlait de lui à la 3e personne – « comme a dit le Cher Leader », « comme l’a dit notre Général », etc. Les personnels de sécurité se conduisaient plus librement avec lui. Leur chef était un colonel qui mesurait 1m56. On n’aurait jamais pu croire que c’était lui le chef des services secrets.  Selon nos agents, la sécurité de Kim Jong-Il était assurée par 25 gardes-du-corps, habillés en civil, portant tous un badge à l’effigie de Kim Il-sung.

Kim Jong-Il portait des habits de style militaire, couleur kaki. Il venait aux rencontres en veste à manches longues ou courtes, col ouvert ou fermé. Kim Jong-Il était le seul à ne pas porter de badge de Kim Il-sung.

Il faisait chaud. Avec notre responsable du protocole nous avions évoqué la possibilité de participer aux rencontres avec le leader nord-coréen en chemise à manches courtes. Mais selon les règles diplomatiques on doit être en costume devant une personnalité importante. J’avais deux costumes et j’en changeais à chaque rencontre avec Kim Jong-Il. Le wagon où nous nous retrouvions était climatisé mais il n’y faisait pas particulièrement frais, d’autant que j’étais toujours très tendu. C’était la première fois que je devais travailler en tête-à-tête avec un dirigeant étranger uniquement en présence d’un interprète. Il est possible que j’ai été excessivement contracté même si j’essayais de ne pas le laisser paraître. Je faisais attention à chacun de mes mots, chacune de mes phrases et j’avais peur de ne pas être suffisamment précis dans mes réponses à Kim Jong-Il. Après les entretiens je revenais dans mon compartiment très fatigué. Je pense que c’était aussi la conséquence de l’énergie dégagée par Kim Jong-Il. Son aura semblait très puissante.

Au début, nos personnels de sécurité n’ont pas eu la tache facile. Le 26 juillet quand le train coréen est arrivé à Khassan les spécialistes russes et coréens ont échangé leurs informations sur leurs armes respectives. Ils ont échangé des documents sur les numéros des pistolets et autres armes à feu, et déterminèrent en un clin d’œil les préférences de chacun. Chaque garde-du-corps coréen avait deux revolvers – l’un sous le bras, l’autre à la ceinture.  Ils avaient des Kalachnikovs. Ils les emportaient avec eux  quand  Kim Jong-Il prenait sa voiture à Moscou ou dans d’autres villes, mais ils n’ont jamais eu l’occasion de les sortir de leurs étuis.

J’ai eu l’occasion de voir les garde-du-corps coréens en action. Lors d’une rencontre avec Kim Jong-Il mon attaché de presse s’est approché un peu trop vite du Général. Il n’a pas eu le temps de dire « ouf » qu’il avait les mains derrière le dos. Depuis ce jour il fut beaucoup moins audacieux et ne nous photographiait que si les circonstances étaient favorables.  (…)

Le voyage de Kim Jong-Il en Russie a pris fin le 18 août 2001 quand son train est revenu en Corée du Nord.

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